IA Générative et e-commerce : les premiers retours d’expérience de Vertbaudet 

Vertbaudet fait partie des e-commerçants français pionniers dans les usages de l’IA générative. En effet, le leader de l’univers de l’enfant en ligne a initié une série de POC sur le sujet de la performance e-commerce, en collaboration avec Google et Converteo. Explications avec Solenne Pasqualetti, la Directrice Marketing & E-commerce de l’enseigne et Charles Letaillieur, Senior Manager, lead de l’offre IA générative chez Converteo.

Pourquoi une marque comme Vertbaudet s’intéresse-t-elle à l’IA générative ?

Solenne Pasqualetti, Vertbaudet : Certes Vertbaudet est une entreprise née il y a plus de 60 ans – elle a été créée en 1963 – historiquement associée à la VPC et aux catalogues papier, mais c’est aussi une marque qui est devenue au fil du temps un leader digital dans l’univers de l’enfant. Cette transformation digitale a commencé dès 1996 par le lancement d’un premier site web (en Grande-Bretagne à l’époque) et se poursuit jusqu’à aujourd’hui, avec notamment le développement de son site de Seconde Main en 2022 et jusqu’à la transformation du site Vertbaudet.fr en Market Place en 2023.

Vertbaudet a ainsi pleinement pris le tournant digital et e-commerce, puisque ce canal représente désormais 80% de notre CA, avec 5 millions de commandes traitées par an. Dans ce contexte, étudier les possibilités offertes par l’IA générative pour améliorer nos performances e-commerce nous a semblé une étape naturelle.

Charles Letaillieur, Converteo : Plus globalement, on a vu que 2023 a marqué l’an I de l’IA générative, pendant laquelle les marques ont commencé à explorer le sujet pour évaluer les opportunités, mais aussi pour comprendre les risques et limitations, en particulier en termes de confidentialité des données. En 2024, l’écosystème a commencé à se structurer. Il y a de plus en plus de cas d’utilisation qui passent à l’échelle. C’est le cas chez Verbaudet, que nous accompagnons dans ses réflexions dans le cadre de notre partenariat avec Google. Nous avons travaillé ensemble autour de deux axes (la productivité et la créativité des équipes), avec une même vision très pragmatique : prioriser, prototyper et aller au plus vite en production.

Concrètement, quels sont les premiers cas d’usage de l’IA générative chez Vertbaudet ?

Charles Letailleur : L’un des premiers enjeux a été de prioriser les cas d’usage. Après une phase d’idéation, nous avions identifié deux thématiques dans lesquelles l’IA Générative pouvait s’avérer particulièrement pertinente pour Vertbaudet : l’amélioration des performances e-commerce et l’optimisation de la créativité et de la productivité dans le stylisme, puisque Vertbaudet conçoit ses propres gammes de produits en interne. L’e-commerce étant le sujet le plus mature, c’est dans cette direction que nous avons orienté les premiers POC. 

Solenne Pasqualetti : Oui, dans un premier temps, nous nous sommes concentrés sur un sujet de performance e-commerce : la génération de la fiche de présentation produit pour les pages e-commerce du site, avec un prototype d’assistant à la création de contenu. Nous pourrons revenir sur les cas d’usage dans le stylisme lorsque nos collaborateurs auront été formés, ce qui est en cours, puisque nous aurons formé plus de 80% des collaborateurs du siège à l’IA générative d’ici le mois de septembre.

En 8 semaines, nous avons ainsi développé trois outils : un pour générer les fiches produits, un autre pour les enrichir grâce à la reconnaissance d’image et un troisième pour la traduction dans 7 langues différentes pour 9 pays, avec des “tones of voice” adaptés à chaque marché. Les modèles ont été entraînés sur 10 000 exemples de fiches produits Vertbaudet, permettant d’obtenir un titre web, une fiche produit au format HTML et un titre ticket de caisse à partir d’une description produit.

Quel est le bilan que vous tirez de ces premiers outils d’IA Gen ?

Solenne Pasqualetti : En automatisant le processus d’élaboration des fiches produits pour l’e-commerce, notre objectif était d’optimiser la productivité des équipes e-commerce afin de concentrer leur temps sur des sujets à plus forte valeur ajoutée pour l’entreprise. Cette automatisation va permettre de mieux gérer les périodes de pic d’activité, pendant lesquelles les équipes e-commerce reçoivent un nombre très important de nouveaux produits à intégrer sur le site.

Les premières générations de fiches produits ont été très concluantes, avec parfois même des difficultés à reconnaître si le contenu a été généré par l’IA ou par l’humain, lorsqu’on les compare à l’aveugle. Pour ce qui concerne les traductions, toutes les fiches produits s’avèrent correctes, mais certaines formulations locales peuvent être ajustées et certaines spécificités doivent être intégrées, comme les unités de mesure, les monnaies, les mentions légales obligatoires, etc. Ces premiers résultats étant satisfaisants, nous sommes donc passés en production pour la génération de fiches produits et la traduction, et nous continuons à affiner l’outil de reconnaissance d’image.

Charles Letaillieur : En termes d’enseignements, ce projet a bien montré l’importance d’avoir des données bien structurées en amont, afin d’obtenir des contenus de qualité. D’ailleurs, il faut bien souligner que dans tous les cas, il y a une validation humaine des contenus générés : les fiches produits générées par l’IA sont révisées et complétées par les rédacteurs. L’humain reste vraiment indispensable pour assurer la qualité finale. Le but de l’outil est de faire gagner du temps aux équipes, qui peuvent ainsi se concentrer sur l’optimisation et apporter une valeur ajoutée. Son déploiement s’inscrit dans une démarche d’innovation plus large au sein de Vertbaudet et il s’accompagne d’ailleurs d’un dispositif de conduite du changement.