L’IA et l’avenir du travail : pour un dialogue social renouvelé

Article IA 14.11.2024
Par Converteo

Regards croisés avec Franca Salis Madinier, membre CFDT du Comité économique et social européen

Dans un contexte où l’intelligence artificielle suscite autant d’espoirs que d’inquiétudes sur l’avenir du travail, Franca Salis Madinier, collaboratrice chez Orange et membre du Comité économique et social européen pour la CFDT, nous livre sa vision d’une transition numérique inclusive et socialement responsable. 

Cet article est un extrait du podcast « Changement d’époque en cours », une production Converteo x Majelan.

 

Laurent Nicolas-Guennoc : L’IA va-t-elle réellement nous « piquer nos emplois » comme certains le craignent ?

Franca Salis Madinier : Il n’y a pas de prédéterminisme en la matière. Ce qui est certain, c’est que l’IA va bouleverser nos façons de travailler et le contenu de nos métiers. La nouveauté avec l’IA générative, c’est que tout le monde est concerné : selon notre rapport « IA, notre ambition pour la France », 19 emplois sur 20 comportent des tâches qui peuvent être automatisées. Mais il faut raisonner en termes de tâches plutôt que d’emplois complets. La question centrale est celle de la finalité : veut-on utiliser l’IA pour remplacer les humains ou pour enrichir leur travail ?

 

Laurent Nicolas-Guennoc : Comment garantir une intégration vertueuse de l’IA dans les entreprises ?

Franca Salis Madinier : Le dialogue social est crucial. On ne peut pas introduire une technologie qui fait peur sans dialogue et sans transparence. Il faut expérimenter, laisser les collaborateurs tester les outils, comprendre leurs usages. Prenons l’exemple d’un centre d’appels : plutôt que de remplacer les conseillers, l’IA peut permettre aux experts de former plus rapidement les nouveaux arrivants en capitalisant sur leurs connaissances. C’est une approche gagnant-gagnant qui réduit les inégalités plutôt que de les creuser.

 

Laurent Nicolas-Guennoc : Quels sont les enjeux en termes de formation et d’accompagnement ?

Franca Salis Madinier : L’investissement dans la formation est absolument crucial. Nous ne sommes pas tous égaux face aux technologies : il y a un public urbain, anglophone, mobile, à l’aise avec ces changements, et d’autres populations qui peuvent se sentir dépassées. Il faut un accompagnement massif, qui coûte de l’argent certes, mais qui est indispensable pour une transition inclusive. L’école a aussi un rôle majeur à jouer pour développer l’esprit critique face à ces technologies dès le plus jeune âge.

 

Laurent Nicolas-Guennoc : Quelle vision portez-vous pour l’avenir du travail avec l’IA ?

Franca Salis Madinier : Je ne crois pas à une société qui laisserait des gens sur le bord du chemin. La technologie doit être au service du progrès social, pas d’une régression. Il y aura toujours des tâches qui nécessiteront l’humain, notamment tout ce qui touche à la créativité, à l’innovation, aux soins et aux relations. L’enjeu est de construire une société inclusive où la technologie enrichit le travail plutôt que de le remplacer. Cette vision peut et doit être partagée par les entrepreneurs, les politiques et les citoyens.

 

Pour découvrir l’interview complète : 

Sur Spotify : https://open.spotify.com/episode/42u9YD7cOrmxbTcTbPmgZa?si=1axLh2U3TE2WSeWeYFqJkg&nd=1&dlsi=adf2cfbc5af44089

Sur Apple Podcast : https://podcasts.apple.com/us/podcast/épisode-9-limpact-de-lia-sur-lemploi-franca-salis/id1736927293?i=1000676644293

 

Cet article est issu du podcast « Changement d’époque en cours », une production Converteo x Majelan animée par Laurent Nicolas-Guennoc et Marjorie Paillon.

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