Retour sur la table ronde sur le m-Commerce à Net Lille Metropole (présentation de Converteo à télécharger)
Comme annoncé sur ce blog, j’étais hier sur Lille pour parler de m-Commerce. Je tiens à remercier toute l’équipe Digiport pour leur invitation et les féliciter pour le succès de l’évènement. Un peu plus de 200 personnes étaient venues écouter la table ronde sur le m-Commerce, ce qui démontre l’intérêt et la curiosité des professionnels face à ce nouveau canal.
Avec mes collègues de table ronde, nous avions 1h30 pour faire le point sur un sujet qui aurait mérité bien plus, mais je crois qu’ensuite nous aurions eu droit à des signes d’impatience (nous étions sur un créneau 11h30-13h…) Bertrand Jonquois DG de Nemo en tant qu’animateur de la table ronde s’est chargé d’introduire le sujet. Il a fait un retour sur la réussite du m-Commerce au Japon, avec notamment des téléchargements records sur mobile pour des romans à l’eau de rose (plus de 20 millions pour un même livre) avec un modèle d’affaire du type abonnement. Ensuite il est revenu sur les investissements en m-Marketing (marketing mobile) qui atteignent au pays du soleil levant les niveaux de l’e-marketing en France en 2004. Si au Japon, le succès est là , la récente étude TNS Soffres permet de prendre la mesure d’un m-Commerce encore balbutiant en France mais avec des signaux au vert qui laissent envisager le meilleur.
A tour de rôle, chacun des experts de la table avait 20 minutes pour essayer de répondre à la question centrale “m-Commerce avenir de la consommation ?”. Jean François Tessier, directeur marketing de Prosodie a ouvert le bal en présentant les solutions et les enjeux liés à la création d’un site et à sa promotion.
Philippe Huyon, responsable d’études à la direction clients de La Redoute a ensuite présenté le retour d’expérience de la Redoute qui a lancé en 2006 un site mobile pour faire de l’achat direct (je saisis le code produit du catalogue, et je règle via mon mobile) alors que la vision était initialement de faire du service client. Le site a ensuite évolué pour intégrer un catalogue produits, qui depuis hier bénéficient de visuels. La Redoute s’était interdit jusqu’alors les images pour éviter de faire exploser les factures téléphoniques des clients… Il est sûr que les opérateurs n’aident pas le m-Commerce !
Pour compléter la vision du m-Commerce, j’avais décidé de jouer le jeu du méchant sceptique qui pense que le m-Commerce ce n’est pas pour toutes les entreprises, pas pour tout de suite, et pas n’importe comment. J’ai notamment insisté sur le fait qu’à mes yeux, le mobile ne suffisait pas à réaliser un cycle d’achat complet pour les produits autres que les biens virtuels à faible coût (logo, sonnerie, jeux) et donc faible implication. Le mobile a besoin de supports/canaux complémentaires pour faire naître le besoin et amener le consommateur jusqu’à l’achat. Je vous laisse découvrir mes slides, n’hésitez pas à commenter et à diffuser la présentation (Creative Commons).
J’en vois déjà se jeter sur leur clavier pour me dire que je n’ai pas vraiment pris position sur la question de l’avenir de la consommation. Normal, je ne suis pas Nostradamus ! Plus sérieusement, je ne prends jamais de position tranchée en tant que consultant. J’émets des hypothèses, et surtout j’explique les étapes à franchir. Comme l’ont dit les autres experts de la table ronde, la transparence sur la facturation via la multiplication des forfaits illimités est une bonne chose. Un des principaux freins pour faire de l’Internet mobile une pratique de masse était cette question centrale : “combien va me coûter cette cession ?” Le modèle au kilo octet était une absurdité. Le client n’a pas à se soucier d’un élément aussi technique que le kilo octet.
Mais ce frein en moins, les choses ne vont pas s’emballer pour autant. Vous me direz que l’iPhone amène une expérience de navigation nouvelle, mais je pense que l’essentiel n’est pas là . Pour moi, le m-Commerce deviendra un succès si les entreprises savent intégrer ce canal dans une logique multicanale, en considérant les contextes d’utilisation. Alors que devant un écran d’ordinateur, vous êtes au travail ou à la maison, en train de cuisiner, ou en parallèle de la rédaction d’une note de synthèse pour votre supérieur, lorsque vous utilisez votre mobile, vous êtes dans les transports en commun, à pied, ou à la maison. Mais, vous êtes la plupart du temps pris par le temps, à la recherche d’une solution d’urgence, ou d’un moyen de tuer le temps… Je ne sais si vous percevez la différence fondamentale de contexte et d’attitude, mais c’est de cette compréhension que vous ferez des services mobiles pertinents.
J’ai mis à la fin de ma présentation un slide de prospective avec le tag 2D (qu’on pourra un jour remplacer par la reconnaissance de forme) et la réalité augmentée. Je ne suis pas Nostradamus, mais j’aime rêver. Je rêve d’un téléphone qui deviendrait la clef qu’on porte toujours sur soi et qui ouvre la porte du royaume du numérique. La puissance de calcul embarquée avec l’accès à une banque de données énorme (Internet) doit permettre au téléphone d’enrichir notre réalité et établir une passerelle avec le monde numérique.
Vous me voyez venir ? Si on miniaturise le téléphone, et on en fait une puce directement connectée à notre cerveau, l’Internet mobile prend une autre dimension… Du mal à voir ce que ça pourrait donner ? C’est vendredi soir, je me permets donc de partager avec vous cette excellente vidéo, qui vous démontre que mon rêve peut facilement tourner au cauchemar…