Roadmap AI – Accompagner les collaborateurs dans leur montée en compétences IA : pourquoi et comment ?

Article IA 08.07.2025

L’événement Roadmap AI Marketing Day 2025 a été l’occasion de revenir sur un enjeu particulièrement crucial pour les managers : la formation et à la montée en maturité des collaborateurs, quelles que soient leur appétence et leur maturité vis-à-vis de l’IA. De BPCE à Kingfisher en passant par le Club Med ou La Poste, tour d’horizon des bonnes pratiques et recommandations pour faciliter l’adoption de l’IA au sein des organisations.

 

À retenir :

  • L’IA générative représente « la troisième grande étape de la transformation digitale » après internet et les smartphones, avec un rythme d’adoption sans précédent.
  • Autre particularité : contrairement aux révolutions technologiques précédentes, l’IA générative démocratise l’accès à l’IA pour tous les collaborateurs, pas seulement les spécialistes (data analysts, data scientists).
  • Des formations adaptées, et même personnalisées, sont essentielles pour accompagner efficacement les collaborateurs, en fonction de leurs différents profils. 
  • Les compétences à développer chez les collaborateurs tiennent autant aux “hard skills” qu’aux “soft skills”, en commençant par la curiosité et l’esprit critique.

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« La troisième grande étape de la transformation digitale » : c’est de cette façon que Luc Barnaud décrit la montée en puissance de l’IA et ses impacts sur les organisations. Le Chief Data Officer du groupe BPCE (Banque Populaire, Crédit Agricole, Natixis, Casden…) qui intervenait dans la table ronde consacrée aux “skills” de l’événement Roadmap AI Marketing Day 2025, fait ainsi le parallèle avec l’apparition d’internet il y a 30 ans, puis l’arrivée des smartphones il y a 15 ans.

À ses côtés, Romain Roulleau, le Group Digital & E-Commerce Director de Kingfisher (Castorama, Brico Dépôt, Screwfix), partage ce constat, mais en y ajoutant une nuance non négligeable : la rapidité d’adoption. Avec l’IA générative, le rythme n’a en effet rien à voir avec la montée en charge d’internet, puis des smartphones et des usages qui leur sont associés. 

En outre, il souligne que “contrairement à ces deux révolutions précédentes, on n’est pas dans la projection. Dès le début, on voit tout ce que cette technologie va permettre. […] On a déjà des exemples très concrets. C’est ce qui fait la complexité, aussi bien en termes de compétences qu’en termes de gouvernance.”

“Avec l’IA générative, les IA rentrent dans le monde du digital”

Moins de trois ans après le lancement de ChatGPT, la prise en main rapide et massive de l’IA est confirmée par les chiffres de Thomas Husson, Vice-Président et Principal Analyst chez Forrester : “on est aujourd’hui en moyenne à 10% d’usage de l’IA au quotidien. C’est à peu près le même taux d’usage que les apps à la fin de la dernière décennie. Sauf qu’avec l’IA, ça va aller beaucoup, beaucoup, beaucoup plus vite. Parce que l’IA est invisible. Elle est embarquée partout.”

La forme conversationnelle de l’IA explique en grande partie son adoption extrêmement rapide, aussi bien pour des usages personnels que professionnels. Comme le résume Luc Barnaud, “avec l’IA générative, les IA rentrent dans le monde du digital”. De fait, alors que les formes plus anciennes d’IA – notamment le machine learning – “sont réservées à des spécialistes, comme des data analysts ou des data scientists”, l’IA générative, elle, “concerne tout le monde”. Une vraie rupture donc, aux impacts culturels et organisationnels majeurs.

 

“IA pour tous” et “IA transformante”

Au sein du groupe BPCE, Luc Barnaud peut d’ailleurs observer et accompagner cette démocratisation très concrètement : 40% des 100 000 collaborateurs du groupe utilisent déjà activement l’IA générative au quotidien, via une plateforme interne. 

Pour accompagner les équipes dans cette nouvelle étape de la transformation digitale, le groupe bancaire a structuré sa stratégie IA autour de deux axes : d’une part « l’IA pour tous » qui vise une démocratisation large, via des outils internes et des bibliothèques d’assistants métiers et d’autre part « l’IA transformante » qui cible les cas d’usage associés aux enjeux prioritaires du groupe. 

La Poste a aussi entrepris une démarche d’acculturation et de démocratisation de l’IA à grande échelle: “nous avons formé tous nos salariés à l’IA et à ses implications” explique notamment Frédérique Ville, Directrice de Business Unit et Membre du COMEX de la Branche Services Courrier Colis.

Chez Kingfisher, l’accompagnement de cette montée en puissance de l’IA se traduit par des programmes de formation adaptés aux différents profils de collaborateurs. Romain Roulleau décrit ainsi trois types de comportement vis-à-vis de l’IA : « Je suis hyper-intéressé, mais ça me fait peur« , « ça ne m’intéresse pas du tout » ou « je suis très intéressé et je vais investiguer par moi-même« . Cette distinction a permis de déployer un programme personnalisé auprès des 120 personnes des équipes marketing et digitales, adapté selon « leur métier, leur appétence et leurs craintes par rapport à l’IA« . L’objectif : que tous les collaborateurs aient « une utilisation renforcée de ces solutions pour plus de productivité et de qualité« .

 

Curiosité, esprit critique… et “Robotics Quotient”

Outre les compétences techniques, la curiosité figure en tête de liste des compétences critiques à développer. « Parce que si on n’a pas cette curiosité, on va obligatoirement passer à côté d’un certain nombre de possibilités”, justifie Romain Roulleau, qui y inclut “la possibilité d’évoluer soi-même”.

De son côté, Luc Barnaud ajoute qu’”il faut combiner la curiosité avec l’esprit critique. L’IA générative donne du vraisemblable et pas de la vérité. » Une mise en garde essentielle alors que « l’IA générative va s’insérer dans tous les métiers des entreprises« . Claire Calmejane, la Présidente France de Foundever, est aussi alignée sur ce point : « il faut responsabiliser les collaborateurs sur les usages et leur apprendre à avoir de l’esprit critique. Beaucoup ne comprennent pas que c’est un outil comme un autre qu’il faut apprendre à maîtriser. »

Forrester, pour sa part, a développé la notion de « Robotics Quotient (RQ) », par analogie au “Quotien Intellectuel” (QI). Cet indicateur intègre la compréhension de l’IA, aussi bien sous l’angle des compétences techniques (les “hard skills”) et des « soft skills« , que de la sensibilisation à l’éthique, aux risques et à la confidentialité. “Des acteurs comme Publicis investissent de l’ordre de 100 millions d’euros par an [dans l’IA]. Mais l’an passé, 50% de cet investissement était consacré soit au recrutement des talents soit à la formation des collaborateurs”, rappelle Thomas Husson.

Quentin Briard, le CEO Marketing Digital & Technology du Club Med, le souligne clairement : de tels investissements dans la formation et la montée en compétences des collaborateurs ne sont pas négociables, car “il est important de travailler sur l’employabilité des équipes à qui on apporte des nouvelles solutions qui changent 50, 60, 80% de leur façon de travailler au même moment”. Une démarche indispensable donc, qui relève de la responsabilité des entreprises. 

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