Livraison Gratuite: Jeff Bezos appelle à une révolution du marché par les utilisateurs

Article E-commerce 14.01.2008
Par Converteo

Rappel des faits

Le Syndicat de la librairie française (SLF, regroupant environ 520 libraires traditionnels) intente un procès à Amazon.com pour violation de la Loi Lang (les livres ont un prix unique, peu importe le distributeur, un rabais de 5% étant autorisé). Pour le tribunal, la livraison gratuite “génère une vente à perte pour les ouvrages à prix modeste et une concurrence déloyale” et a donc jugé illégale la gratuité des frais de livraison des livres aux clients d’Amazon.

Après Alapage.com, c’est donc au tour d’Amazon de perdre son procès. La société devra ainsi payer 100.000 euros de dommages et intérêts ainsi qu’une astreinte de 1.000 euros par jour.

Petition Amaon

Amazon vient de faire appel, maintient la gratuité de la livraison (gagnée en sacrifiant les budgets de communication – 2003) et payera donc l’astreinte. Jeff Bezos, Fondateur et Président Directeur Général d’Amazon, appelle même ses clients à signer une pétition en ligne. Pourtant, comparé aux volumes des ventes d’Amazon, il faut bien reconnaitre que 1.000 euros par jour ne les tuera pas. De là à signer une pétition pour eux…

Amazon et Alapage ne sont pourtant pas les seuls fautifs. La Fnac et Chapitre.com offrent également la livraison gratuite pour les livres. Ils ne sont pourtant pas attaqués par le Syndicat de la librairie française.

Ces derniers pensent qu’en remettant les frais de port payants, les internautes iront se déplacer dans les librairies physiques pour acheter leurs livres. Un sondage réalisé sur 2803.com indique d’ailleurs que vous seriez 71% à ne plus acheter vos livres sur Internet si les frais de livraisons étaient réellement facturés.

La gratuité des frais de port semble donc être un élément décisif dans votre acte d’achat sur internet. Mais vous poussera-t-il vraiment à vous déplacer ? Nous pensons plutôt que l’on achètera tout simplement moins de livres. Les services offerts par la librairie classique et la librairie online nous paraissent plutôt complémentaires. La preuve avec le Marketplace d’Amazon (où l’on paie les frais de livraison…).

Concernant le problème spécifique des frais de port, l’une des solutions serait peut être l’abonnement annuel aux frais de livraison comme le propose astucieusement 24h00.fr

Mais le problème des frais de port d’Amazon France n’est qu’un détail.

Exception Française ?

On ne peut même pas parler d’exception culturelle française. Une enquête Ipsos-Associated Press montre qu’un quart des Américains n’a lu aucun livre en 2006. En France, lorsque l’on pose la question “combien de livres avez-vous lus au cours des 12 derniers mois ?”, 39% des français répondent « aucun »…

Nous sommes en face d’une industrie qui comme beaucoup d’autres (surtout culturelles) doit se remettre en cause et apprendre à gérer un tout nouveau canal de distribution.

Il est tout de même bon de rappeler que la rentabilité moyenne de la librairie indépendante est de 1,4 %, voir 2 % pour les entreprises qui réalisent plus d’un million d’euros de CA par an (elle n’est que de 0,6 % pour les petites librairies situées sous la barre des 300 000 euros). En 2007, Amazon a un RN/CA égal à 1,75.

La vraie question est donc : a-t-on besoin de ces librairies indépendantes ?

Ou pouvons-nous nous contenter de quelques distributeurs en ligne et compter sur les effets bénéfiques de la Long Tail pour répondre à nos besoins les plus spécifiques ?

Lorsque l’on voit que les libraires du SLF préparent depuis plusieurs mois leur portail de vente en ligne, avec notamment un business model sous forme de partenariat avec les grands libraires en ligne (utilisation en marque blanche de leurs plates-formes), on peut penser que les premiers concernés penchent pour la deuxième solution, et qu’ils ont juste besoin de temps…

Par Converteo