Transition environnementale et énergétique : le rôle central de la Data (1/2)

Article Data Gouvernance RSE 21.04.2023
Par Sébastien Zinn

Le 22 Avril a lieu la Journée mondiale de la Terre. C’est également la date à laquelle l’accord de Paris sur le climat fut ouvert à la signature (le 22 avril 2016).

 

Depuis cet accord, et malgré une prise de conscience croissante de l’urgence climatique, le chemin à parcourir reste long pour les entreprises qui veulent mener à bien leur transition environnementale et décarboner leurs activités.

L’actualité récente a en effet souligné que, malgré une baisse de 2,5% de ses émissions de gaz à effet de serre en 2022 par rapport à 2021, la France est en retard sur les objectifs signés lors de l’accord de Paris et retranscrits dans la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), qui vise une réduction annuelle des émissions de 4,7 % entre 2022 et 2030.

 

Face à ce constat, il est primordial pour une entreprise d’étudier la question de la donnée, au service de :

  • la quantification de l’impact environnemental de ses activités
  • la mesure de sa dépendance à des phénomènes physiques constituant un risque pour la durabilité (épuisement des ressources, approvisionnement en énergie,…)
  • la conduite de scénarii prospectifs de réduction d’impact et de mitigation des risques
  • la mesure des progrès réalisés suite à la mise en place de mesures de réduction de son impact environnemental

 

Derrière ces cas d’usage existent des enjeux de collecte, de qualité, et de gouvernance de données : d’après une étude du BCG en 2021, 86% des entreprises enregistrent et déclarent encore leurs émissions de gaz à effet de serre manuellement à l’aide de fichiers Excel. Plus alarmant encore, le taux d’erreur dans la mesure de ces émissions se situerait entre 30 à 40%.

 

Dès lors, on comprend aisément que mesure de la durabilité et capacité d’adaptation sont essentiellement des enjeux data, car on ne peut pas piloter de manière efficace ce que l’on ne mesure pas, ou de manière partielle, voire incorrecte.

 

Dans le cadre de son offre Data For Sustainability, Converteo vous propose un tour d’horizon de ces enjeux, via la publication de deux articles. Dans ce premier article, intéressons-nous aux types de données à collecter.

 

Partie 1 : quelles données, pour quels usages ?

Aller plus loin que le simple bilan carbone

Quand on parle de données environnementales, un des premiers cas d’usage qui vient à l’esprit est celui du bilan carbone, qui concerne en France un nombre croissant d’entreprises depuis l’élargissement de son périmètre d’applicabilité en janvier 2023. Schématiquement, cet exercice consiste à mettre des facteurs d’émissions (exprimés en kg ou T de CO2e, et issus de bases de données publiques, notamment la base Empreinte de l’Ademe) en face de données d’activités (nombre de kilomètres parcourus en camion, nombre de produits fabriqués, nombre de publicités diffusées, etc…)

 

Si le bilan carbone a le mérite de constituer un très bon point de départ indispensable dans la mesure des émissions gaz à effet de serre, il reste imparfait, pour plusieurs raisons, notamment :

  • Les approximations liées au choix d’une approche monétaire, à l’utilisation d’une moyenne prise par défaut, au mauvais choix de facteur d’émission, ou encore à l’absence de facteurs d’émissions précises disponibles
  • L’exclusion d’une partie du périmètre par manque de données historiques ou fonctionnelles
  • Le caractère manuel et chronophage d’un tel exercice sans l’utilisation de plateformes SaaS dédiées comme Greenly, Sweep, Aktio…
  • Et surtout : il s’agit d’une photographie ponctuelle, qui dresse certes un constat et des pistes d’optimisation, mais ne rentre pas avec un niveau de détail très fin desdites pistes d’optimisation et de leur impact

 

Pour gagner en précision, il peut donc être utile de mener en parallèle des projets de mesure d’empreinte d’une activité précise, ou d’une verticale métier. Ainsi :

  • Un·e Chief Digital Officer pourra s’intéresser à mesurer l’empreinte carbone de la livraison d’une commande e-commerce
  • Un·e Chief Marketing Officer pourra de son côté chercher à mesurer l’impact environnemental de la diffusion des campagnes média.
  • Un·e Responsable Innovation cherchera quant à lui/elle à estimer les gains environnementaux du lancement d’une offre d’économie circulaire (location, seconde main, réparation,…), ou à déployer un projet d’affichage environnemental (comme le font par exemple Mano Mano, ou Décathlon).

 

Passer d’une “carbon funnel vision” à une vision exhaustive des données environnementales

Malgré son importance incontestable, l’empreinte carbone d’une entreprise n’est toutefois pas la seule mesure à réaliser pour estimer et réduire son impact environnemental : cette CO2-focalisation peut mener au phénomène de “Carbon Tunnel Vision”, qui consiste à occulter ou ignorer les autres impacts tangibles des activités humaines sur l’environnement.

 

Ces impacts sont pourtant également à mesurer, afin de réaliser une analyse de double matérialité et prendre en compte les limites planétaires. C’est l’objectif de la nouvelle directive européenne de reporting RSE, la CSRD. Cette dernière entrera en vigueur en 2024, et concerne 50 000 entreprises européennes. Au programme, l’obligation de déclarer une liste élargie d’indicateurs. Sur le volet environnemental, les thématiques sont les suivantes : changement climatique, pollution, ressources en eau et maritimes, biodiversité, utilisation des ressources et économie circulaire.

 

Au vu de l’étendue de ce périmètre, se pose la question suivante : la charge additionnelle de travail pour une mise en conformité en matière de reporting doit-elle uniquement reposer sur les directions RSE ? Ou n’appelle-t-elle pas à une collaboration bien plus étroite entre équipes data et équipes RSE ? Chez Converteo, nous avons la conviction que cette coopération va s’inscrire dans le long terme, et qu’elle est nécessaire pour passer à l’échelle et industrialiser l’exercice de reporting extra-financier. Les entreprises qui réfléchissent aujourd’hui à la mise en place de Datamarts d’indicateurs ESG, ou celles qui pilotent leur part de Chiffres d’Affaires durable, prennent ainsi de l’avance sur leurs concurrents.

 

Des données environnementales 1st, 2nd et 3rd party ?

Tentons un parallèle qui parlera sans doute aux directions marketing et digitales : au même titre que les annonceurs collectent et exploitent des données 1st, 2nd et 3rd party, les directions Data et RSE sont menées à recueillir et utiliser des données environnementales :

  • Issues de leur propres systèmes de production (consommation énergétique d’un bâtiment, énergie fossile consommée pour produire les biens vendus par l’entreprise,…)
  • Provenant de leurs fournisseurs (consommation énergétique des serveurs d’un prestataire diffusant les campagnes média digitales d’un annonceur, répartition des matériaux composant des produits sourcés auprès de fournisseurs, empreinte carbone des prestataires de livraison d’un acteur e-commerce,…)
  • Mises à disposition par des organismes externes sans lien direct avec l’entreprise (facteurs d’émission de l’Ademe,…)

 

Il est donc indispensable de considérer et traiter les données RSE avec la même importance que vos autres données business ou corporate, et ce sur toute leur chaîne de valeur : collecte, stockage, traitement et valorisation.

Nous aborderons dans un prochain article la gouvernance à instaurer afin d’assurer que les données environnementales soient fiables et exhaustives, que leur collecte et enrichissement soit le plus automatisé possible, et que leur partage soit le plus large possible au sein des directions métiers.

Par Sébastien Zinn

Consultant Senior Data & Business Consulting - Lead Data For Sustainability

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